6ème et dernier weekend du Championnat d’hiver

Nous étions chaud bouillants, tel des pirates l’oeil injecté de sang, le sabre à la main prêt à en découdre pour ce dernier weekend de régate ! Finalement, ce weekend nous aura coûté cher… très cher !
Vendredi soir nous (Pietro, Alban et Lucas) quittâmes Paris bien décidés à profiter de ce dernier week end régate. Comme à l’accoutumée, nous prenons possession de notre BnB favori puis direction le bouchon normand pour dîner. Il a fallu développer des trésors d’arguments pour rassurer Alban au sujet du logement BnB. Le pauvre gardait un mauvais souvenir de sa dernière venue au Havre, l’appartement était au-dessus d’un entrepôt de poissonnier et une voisine nous avait quelque peu chafouinés…
Le lendemain matin, Philippe et Guilhem (les retardataires) ont dû se lever aux aurores et quitter Paris. Nous leur avions donné consigne de gérer l’avitaillement, trop peu respecté au goût de certains puisque tristesse, “ils n’ont pas trouvé la pâtisserie Lenôtre sur la route”. Qu’à cela ne tienne, le bateau est gréé, les sandwichs, le barreur et l’équipier n°1 sont arrivés, briefing collectif pour la douzaine de bateaux du jour et nous sortons du port.
Échauffement rapide, nous faisons quelques virements de bord, peaufinons les réglages, envoi de spi, empannage, c’est bon nous sommes prêts à en découdre !
Super cette première manche ! Aller on ne lâche rien et on continue sur notre lancée !
Début de la seconde manche, nous sommes dans le milieu du groupe, ça va être dur de remonter plusieurs bateaux en seulement 2 tours… Nous arrivons en haut du parcours, à la bouée au vent, nous l’enroulons, filons vers la bouée dogleg, nous hissons le spi à une vitesse folle et c’est parti, nous attaquons la descente du parcours. Nous sommes en route parallèle avec un autre
bateau de jeunes havrais et havraises, au-dessus d’eux par rapport au vent et bien à l’écart. Voyant que nous commencions à nous écarter de trop de l’axe du parcours nous nous préparons à empanner. Mais la manoeuvre est pour le moment impossible, le bateau des jeunes fait obstacle (et ils sont prioritaires). Les pirates arc-en-ciel que nous sommes, tentent de les intimider (gentiment) pour les inciter à empanner. Rien n’y fait. On a tout de même décidé d’enclencher la manoeuvre très rapidement et d’abattre dans l’espoir de passer juste derrière eux. C’est là où généralement vous avez une coupure pub, ou la musique stressante qui se fait entendre.
Un petit détail était sorti de l’équation : nous sommes sous spi, ce qui veut dire que nous avons un bout dehors d’environ 1,5 m à l’avant ! Le bateau tourne vite, mais il avance aussi, vite, c’est serré et là…gros plan de la caméra sur les yeux écarquillés d’un équipier, on entend quelqu’un retenir sa respiration…. PUB !
Nous avons presque échappé le bateau concurrent mais malheureusement l’extrémité du bout dehors se prend dans le dernier chandelier de l’autre bateau, notre rotation s’arrête et nous fonçons tout droit dans le quart arrière du bateau abordé. Tout le monde se cramponne, l’impact est fort, nos victimes s’extirpant in extremis du chemin de notre bout dehors, les deux bateaux sont entremêlés, sous spi et incontrôlables.
Que faire pour se sortir de ce bourbier ?! Il faut réagir vite avant d’aggraver la situation. On décide de choquer le bout dehors, heureusement il est rentré immédiatement, moins de pression dans le spi, nous ne sommes plus retenus par l’autre bateau, nous parvenons ainsi à nous détacher et reprendre notre
route… libre. Les zodiacs se précipitent autour des deux bateaux alors que la régate continue. Nous n’avons pas de dégâts visibles, ce n’est apparemment pas le cas pour l’autre bateau mais pas de risque grave et imminent.
Nous sommes secoués (c’est le cas de le dire), sous le choc, le moral en fond de cale.Nous finissons la course sans grande conviction. Nous accusons le coup de cette erreur qui, nous le savons, va nous coûter cher. Il n’y a pas si longtemps nous avions déjà expérimenté un cas similaire mais dans la position du bateau abordé. Le rapport de mer et l’expertise des dégâts avaient conclu au tort de l’autre bateau qui s’en était sorti avec une facture de plus de 800€.
Cette fois, notre erreur de pilotage n’étant pas contestable, c’est notre tour. On ne vous l’avait pas dit mais un mois auparavant, lors d’un empannage, notre spi s’était accroché dans l’étai ce qui avait créé un trou de la taille d’une balle de tennis en tête de spi. Nous avons reçu la facture seulement quelques jours
avant : 250 € de réparation. on commence à imaginer le montant des dégâts que nous venons de causer, ajouté à notre dernière facture à régler… glups !
Aller, on tente de se remotiver, ça ne sert à rien de ruminer, c’est fait, c’est ainsi, nous verrons bien une fois à terre, nous avons encore des manches à gagner. Nous réussirons tout de même à faire une belle manche dans le trio de tête, nos adversaires de toujours étant là, devant, toujours.
Fin de journée, arrivés au port nous constatons pour de bon les dégâts. Le chandelier arrière a été tordu par l’impact de notre bout dehors, puis à moitié arraché du pont du bateau (un effet de vague probablement). Les photos parlent d’elles-même. Nous établissons le rapport de mer, sans discuter, nous sommes totalement en tort.
Buvons un coup pour accuser le coup, puis ce soir nous irons dîner au restaurant La Bise à Sainte Adresse. Le dîner est l’occasion de faire un point sur la journée mouvementée que nous venons de passer, d’en tirer les conséquences et d’imaginer les différents scénarios à venir sur la facture qui nous attend.

Dimanche, nouvelle journée de régate, à la seconde manche nous virons un peu trop prêt d’un autre bateau prioritaire qui n’a pas trop eu le choix que de nous éviter aussi. Résultat, l’adversaire proteste, nous devons réparer notre erreur en effectuant un 360° (un tour sur nous même). Cela nous fit perdre du temps et de l’avance sur le parcours. Grrrr
Pour la manche suivante, nous ré-organisons l’équipage, Philippe cède la barre à Pietro et Lucas passe embraqueur. Le compte à rebours est lancé, nous sommes sur le fil du départ, la ligne virtuelle entre le bateau comité et la bouée de départ est toute proche, encore quelques secondes à tenir, les autres
bateaux sont tout proches derrière nous. Nous devons longer la ligne, les repères ne sont pas évidents. Le top départ est donné, nous partons au près, en bonne position. Un bateau devant nous fait demi-tour peu de temps après, il sait qu’il a mordu la ligne. Il doit descendre le parcours et repasser la ligne de départ pour ne pas être disqualifié.
Un concurrent sérieux en moins ! Nous sommes gargarisés. A presque la moitié du parcours, le bateau comité annonce par VHF que plusieurs bateaux ont mordu la ligne, qu’ils doivent reprendre le départ et que ces bateaux en question sont censés savoir qu’ils ont mordu. Il finit par lâcher la liste des bateaux concernés. Stupeur et tremblement, nous en faisons partie ! Nous savons alors que la partie est finie pour nous, même si nous sommes en bonne position, nous devons immédiatement redescendre la moitié du parcours, refranchir la ligne de départ… Ce qui laisse largement le temps aux autres
concurrents d’avancer, même pour les équipages débutants. Oh tristesse !
La dernière manche de la journée ne nous a pas permis de remonter dans les scores. Nous rentrons ensuite au port, l’équipage est silencieux. Nous résumons le weekend par “on aurait mieux fait de ne pas venir du tout”. Nous finissons 10ème sur 32 au classement général du championnat. Un peu déçus car nous savons que nous sommes capables de faire beaucoup mieux que ça !
Quelques jours plus tard, nous recevons le devis des réparations, 1100 €. Mais, bonne nouvelle, notre assurance de licenciés de la FFvoile prend en charge 100% des frais. C’est un grand soulagement pour tout le monde, ouf !!!