Journée d’accueil mouvementée.
J’avais commandé une météo clémente et j’ai eu le loto, un soleil radieux, une brise douce et régulière ce Dimanche ; entre nous, les marins d’eau douce, on appelle cela un « temps de jeune fille » … Gilles m’accompagne et sommes heureux de retrouver nos 5 autres gaillards, Lucas, Thomas, Sébastien, Arnaud & David-Olivier, sur la base de Jablines. Nous rejoignons la zone de pique-nique ; la table est déjà mise et c’est en toute tranquillité que nous nous installons.
Apéro légèrement arrosé puisque certains préfèrent rester à l’eau en bouteille pour être attentifs aux manœuvres. Lucas nous propose du Rosé et nous lui faisons honneur. Les conversations vont bon train jusqu’à aborder la possibilité du dessalage mais qu’avec ce temps si idyllique, cela serait quand même bien incroyable si quelqu’un allait à la baille. Comme d’habitude, le dessert du chef arrive sur la table et les gourmands se pressent. Mais il est déjà 14h15…
Nous nous dirigeons vers la base et le bureau du responsable qui est sur l’eau et qui revient dare-dare avec son zob… heu non, excusez-moi, son zodiac pour nous ouvrir les vestiaires. Ni une ni deux, nous sommes prêts avec nos brassières de sécurité à en découdre.
Nous gréons les bateaux puis Sébastien et moi grimpons à bord ; Seb au pied du mât en tant qu’équipier (ça commence fort) et le barreur à l’arrière, sur le flotteur. Le vent y est, nous nous élançons sur le plan d’eau.
Au bout de quelques instants, Seb me demande si c’est normal d’avoir déjà le slip mouillé ? A votre avis ! Puis plus sérieusement, Sébastien m’explique qu’il a son permis fluvial et hauturier mais qu’il ne connaît rien à la voile. J’entame alors les premières explications du « bout au vent » (ah non, vous allez pas commencer à avoir l’esprit mal tourné !) ou bien le nez du bateau face au vent, les bords de près et pourquoi cet angle et pas un autre, les différentes positions du bateau par rapport à l’axe du vent (amures), les différentes formes de safran et de quilles, les virements de bord et les empannages, enfin bref une foultitude de nouveaux mots dont il n’avait jamais entendu parler. Seb me rassure en disant que pour les enfants, il fallait les gorger de nouveaux mots à 100% mais qu’il n’en retenait que 30 et que je serai certainement obligé de répéter aujourd’hui encore bien des choses.
Nous avons fait cavaliers seuls jusqu’au fond du lac à jouer avec les amures, les zigzag au près, choquer le foc qui faseille, regarder les penons et pas nos petons. Finalement, je lui donne la barre pour qu’il ait des sensations mais je garde la grande voile car l’on ne sait jamais, n’est-ce pas ! Nous filons vite, tombons dans des molles puis des risées hards, le flotteur qui décolle, une légère inclinaison du trampoline fait frémir Seb (quel bonheur … hum). A ce rythme, nous fonçons sur la flotte et croisons Lucas et Thomas qui harangue Arnaud et lui donnent des indications pour mieux gérer la bonne marche de son cata. Arnaud est seul à bord et on le voit se démener avec ce stick embarrassant qui virevolte d’un côté à l’autre, les manœuvres s’enchaînent avec brio, on voit que Arnaud est vraiment le boss !!!
Lucas se rapproche et me dit : « allez, maintenant on s’occupe de Sébastien ! » ; je me mets « nez au vent comme je peux, ils accostent, je change de bord et monte avec Lucas. Sébastien se retrouve seul à bord de notre cata. Les premières recommandations fusent, Seb fait de son mieux pour les mettre en pratique, comme mettre le stick sur l’épaule pour avoir les mains libres pour border la grand voile.
Nous obligeons Seb à virer de bord souvent et lui donner des amures différentes pour sentir le bateau avec la barre (oh oui, oh oui) et sur ce long bord, de la base vers le fond du lac, l’onde se grise, des vaguelettes frisottent et notre cata se cabrent avec nos voiles bien réglées et filons en direction de Seb. A 20m, nous lui lançons un « Seb, on te rattrape, règle tes voiles, borde ta grand voile à fond, borde encore, tu remontes trop face au vent… »
Une première petite frayeur quand le cata commence à s’incliner, le bon réflexe de l’apprenti capitaine de se mettre face au vent calme les ardeurs de sa monture. Nous renchaînons : “aller tu peux encore, tu peux y aller, tu dois maîtriser le bateau, tu as de la marge avant de chavirer, vas-y…” À force de prise de confiance et de consignes acharnées, notre Seb tout sec commence à faire incliner le bateau avec une bonne maîtrise, il tient bon mais son bateau commence à beaucoup pencher, il tente de réduire la gite en poussant la barre mais il aurait fallu aussi choquer la grand voile. Le cata finit par dessaler (dans l’eau douce du lac) et notre Seb tout sec est maintenant tout mouillé.
De mon côté, comme je faisais le poids et la naïade à l’avant, je n’ai pas vu la folle pirouette de Seb et quand je glisse mon oeil sous la voile, je vois mon Seb, debout sur l’une des coques, celle qui était dans l’eau, un peu embarrassé de se trouver là … De loin, je vois que le mât ne possédait pas de bouée en tête et que celui-ci commençait à s’enfoncer dans l’eau. Ni une ni deux, Lucas me dit qu’il va sauver Seb. Je prends la barre et tourne autour du bateau en perdition et dépose lestement Lucas. La manœuvre de ressalage s’opère doucement, on choque la grand voile, le cata peu à peu se remet bout au vent, on attrape la corde au pied du mât et on essaie de mettre tout son corps hors du bateau pour le redresser. En effet, le cata opère une lente conversion et on sent que ça va venir, oui ça bouge, ouh là l’inclinaison est bonne, et hop dans un jet d’eau, tout le monde est à l’eau sous le trampoline … Wouaouh, jolie manœuvre que voilà …
Le zod était déjà là et me demande de revenir à la base. Et comme j’avais le dos tourné, je n’ai pas bien vu si Lucas avait pris un repos bien mérité sur le trampoline avec Seb. C’est une autre affaire, vous lui demanderez !
Le vent faiblit et nous peinons à revenir au môle. Le fond du lac est à portée de main, c’est très beau … Cette ancienne sablière est alimentée par la Marne et par une source d’eau naturelle, ce qui donne cette eau si transparente et surtout baignable.
Nous finissons cette belle journée à la terrasse du Yacht Club sous un Barnum car le soleil commençait à bien nous chauffer (ohhhh mais vous y pensez encore … coquins que vous êtes !) et retournons dans nos pénates avec plein de bons moments sportifs et d’émotions. On en reparlera certainement bientôt …
Sebastien a bien aimé cette cavalcade, il en redemande qu’il dit ! 😋
Bob.